Il n’y a que trois conseils que je puisse donner à tous les adultes autistes : trouvez votre voie, testez différentes stratégies et gardez/ajustez celles qui fonctionnent. Pour ce qui est des détails, cela dépend vraiment de l’individu. On a tous nos propres traits, nos propres intérêts et notre propre évolution. Déterminer un mode de vie adapté à nous-même est un processus personnel alors le mieux que je puisse faire, c’est vous partager ce qui a fonctionné pour moi en espérant que certaines stratégies résonnent en vous.
Le travail
Je fais partie des 80% d’autistes inaptes au travail à temps plein et en présentiel. Vers la fin de mes études, j’ai donc fait une demande d’Allocation Adulte Handicapé, pris la décision d’être auteure et cherché un emploi à temps partiel. Quand mon premier roman était encore en cours, je travaillais tous les mercredis en centre de loisirs jusqu’à sa sortie en fin d’année scolaire.
Et bien que la majorité des adultes autistes s’épanouissent dans le travail indépendant, trouver son propre rythme peut prendre du temps.
Après avoir passé plusieurs mois à tester plusieurs horaires de travail et de pauses, j’ai fini par me fixer :
- 4 à 6 h de travail par jour (10h-12h, 16h-18h30, 20h30-22h)
- 2 demi-journées de détente par semaine
- 6 semaines de travail pour une semaine de pause
- 1 mois de vacances en été
Et pour ce qui est de l’auto-discipline, j’utilise la méthode pommodore (10 min travail / 3 min pause) et écoute de la musique instrumentale pour me concentrer.
La gestion du logement
Ce qui fonctionne le mieux pour moi, ce sont les horaires hebdomadaires. Savoir que je vais effectuer une tâche à un moment spécifique de la journée m’aide à m’y préparer mentalement. Par exemple, tous les vendredis de 10h à 12h, je m’occupe des tâches administratives, tous les jours de 14h à 16h, je dois faire au moins une tâche ménagère et le week-end (2 à 4h dédiées), je nettoie une pièce de mon appart avec une liste d’étapes à suivre, parfois très détaillées.
Et comme pour le travail, le pommodore et la musique sont mes aides principales. En ce moment, j’aime beaucoup les playlists thématiques.
La communication
Bien que cela fasse dix ans que j’y travaille, il me reste des lacunes dans ce domaine. En particulier dans des situations nouvelles ou oubliées.
De la psychologue de la fac à une coach spécialisée, j’ai été suivie par des professionnelles dans ma communication depuis l’année qui a suivie mon diagnostic. Une fois par mois, je prends rendez-vous pour faire le point sur certaines interactions que j’ai eu et l’avancée de mon niveau social. Je suis aussi en train de m’écrire un carnet de codes sociaux, avec des règles de communication ou des états d’esprit à adopter.
Je pense qu’il est aussi important de savoir jusqu’où pousser le masking pour ne pas mettre trop de charge sur soi-même et s’assurer que l’effort vienne des deux côtés. Par exemple, je cherche à éviter les maladresses verbales et à mieux exprimer mon affection, mais pas à deviner des émotions qui ne sont pas communiquées explicitement, du moins ce n’est plus une chose sur laquelle je me mets la pression. Cela éloigne du monde de ma vie, mais parfois, il faut accepter qu’il y a des personnes avec qui on n’est juste pas compatible.
Les sorties
Pour moi, il y a deux types de sorties : les sorties en solo (courses, poste…) et les sorties en groupe (verre, fête…).
En solo, je sors quand il y a le moins de monde (après-midi en semaine) et emmène toujours mes protections habituelles : lunettes de soleil, écouteurs, fidget toy, ombrelle en été.
En groupe, je privilégie les sorties où je peux rentrer par moi-même (je n’ai pas le permis), et si je dépends de quelqu’un, ça doit être une personne de confiance, qui connait et comprend mes difficultés. Sur place, je cherche où pouvoir m’isoler occasionnellement et mets des écouteurs sans musique si l’endroit est bruyant.
La gestion de l’énergie
Les cuillères : c’est une méthode assez répandue chez les personnes avec une condition impliquant une fatigue chronique. Elle consiste à utiliser les cuillères comme une métaphore pour mesurer notre énergie. On détermine notre nombre de cuillères pour la journée, combien de cuillères prend une tâche et comment récupérer des cuillères. Cela nous aide à déterminer ce qu’on peut faire dans la journée. C’est aussi parfois un moyen de communiquer l’énergie qui nous reste envers les personnes qui connaissent.
Une alimentation et des compléments m’aident aussi à avoir plus d’énergie. Aussi, je m’impose de sortir au moins un jour sur deux. J’ai du mal avec le processus avant (me préparer, fermer l’appartement…) mais me sens beaucoup mieux une fois dehors. Doser la lumière chez moi a aussi son impact : forte pour travailler, douce pour me détendre. Et une chose sur laquelle je travaille en ce moment, c’est m’adapter selon les saisons et leurs changements.
Comme tout lister serait trop long, je vais finir avec un conseil bonus : notez ce qui vous aide sur un support facilement accessible (carnet, tableau, application…).
Et vous ? Quelles méthodes utilisez-vous ? Des questions sur les miennes ?
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